Ce livre nuance fortement les représentations des transformations urbaines de l’époque dite « haussmannienne » et illustre l’originalité du développement d’une grande ville de province au XIXe siècle. Bordeaux, capitale provinciale célèbre pour son architecture et son urbanisme au siècle des Lumières, connaît en effet, au siècle suivant, un développement urbain spectaculaire. Héritant d’une tradition d’aménagement classique, une ville nouvelle se substitue à l’ancienne dont le territoire est rénové avec parcimonie. Elle s’étale (surgit ?) en réalité au-delà, dans une vaste banlieue, autour de grands boulevards structurant de nouveaux quartiers. Cette étude de la voirie durant un long siècle, considérée comme celle de l’administration municipale, montre les transformations spatiales, économiques et édilitaires d’une ville, à partir des évolutions de la gestion de ses rues et de ses systèmes connexes : assainissement, salubrité, techniques de construction, procédures légales, administratives et financières. La continuité des pratiques anciennes, les adaptations aux mutations de l’ère industrielle et les révisions des valeurs foncières, les coûts et la maîtrise des interventions publiques, la rénovation des marchés de la construction, sont au cœur des conditions dans lesquelles des percements, des élargissements, des rectifications de rues nouvelles sont réalisés à Bordeaux : en façade, mais aussi, au plus profond de l’édilité de la ville ancienne.